CALZONA (+) This is why we fight

Depuis presque deux semaines : Arizona me faisait la gueule. Ou alors... je lui faisais la gueule... difficile à dire. Quoi qu'il en soit, on ne se parlaient quasiment plus....
Au boulot, c'était purement professionnel. Pas besoin de mentir à nos collègues. Et puis, de toute façon : je ne pouvais pas leur mentir. J'étais du genre à lancer des piques à la première occasion et à descendre Arizona dès qu'on évoquait son nom.... De son coté elle faisait bonne figure, mais ses sourires crispés ne trompaient personne. Pour échapper aux malaises (et surtout pour ne pas m'énerver) Je faisais de mon mieux pour l'éviter et ne pas me retrouver au bloc avec elle.
À la maison c'était, évidemment, plus difficile de ne pas la croiser. Je faisais donc des efforts, histoire de détendre l'atmosphère en présence de Sofia, ne voulant pas l'inquiété. Après tout, ça n'était qu'une petite dispute, pas de quoi faire chambre à part. Par contre, c'était suffisamment grave pour qu'on soit en perpétuel désaccord sur le programme tv...

Aujourd'hui, en rentrant à la maison, j'étais, donc, presque contente de constater que Arizona n'était pas encore là. Elle avait certainement été retenu au boulot.
Je l'aime toujours autant ein ! Pas de mal entendu. C'est juste que depuis sa fausse couche et nos disputes : l'ambiance à la maison est différente. Bah oui : vivre avec quelqu'un qui semble vous détester n'est pas des plus agréable. Surtout quand cette rancœur est réciproque.
Bref. Ma première réaction, en rentrant, fut donc de laisser traîner mes chaussures à talons devant le canapé, avant de partir vers la cuisine. Pas question de glander sans un verre de vin ! Je revins donc quelques seconde plus tard avec un verre à pied et une bouteille de vin rouge. Bouteille que je mourrais d’envie de me descendre, mais Arizona risquait de rentrer d'une minute à l'autre. Elle m'avait déjà vu bourrée, là n'était pas le problème. Le problème c'était moi. Après quelques verres, je risquais fortement de craquer et de me jeter sur la jolie blonde. En même temps, ça faisais plus d'un mois que je n'avais pas coucher avec Arizona, et le manque commençait à se faire sentir. Si ça continuait comme ça : j'allais certainement appeler Mark à l'aide.

Alors que je commençais mon second verre de vin et que je m'abrutissais devant The Voice, Arizona rentra. Enfin, j'en déduis que c'était elle, puisque je ne pris même pas la peine de détacher mon regard de la télévision. Elle partit rapidement vers la salle de bain, sans dire un mot. Ce n'était pas plus mal comme ça, je n'aurais pas supporté une autre dispute, surtout, alors que ma candidate préférer de The Voice allait chanter dans moins d'une minute. Mon attention se reporta donc sur l'écran de la télé, bien décider à éviter toute conversation avec Arizona ce soir. Malheureusement, la jolie blonde avait d'autres plans, puisque à peine sortie de la salle de bain, elle m'engueula. Oui. A peine rentrée elle me faisait la morale.
Évidemment, dès que j'entendis le son de sa voix, mon regarde se détacha de la télévision, pour se poser sur elle. Elle était tellement sexy quand elle s'énervait … Mais l'idée de lui retirer son t-shirt quitta rapidement mon esprit.

Je restais bouche-bée, mon verre de vin au bord des lèvres, mes yeux plongés dans les siens, incapable de parler. Sur le coup : j'étais choquée qu'elle revienne encore sur cette histoire de fausse couche. Puis rapidement, ma surprise se transforma en colère. À croire que j'étais la fautive dans tout ça ! C'était elle qui avait perdu le bébé : pas moi ! Et quand je lui avais demandé de ressayer : elle m'avait envoyé balader ! Et elle osait ensuite, venir me déranger, au milieu de The Voice, pour me traiter d’égoïste ? Non mais c'était le monde à l'envers !
Plus elle parlait, plus j'avais envie de lui jeter mon verre de vin au visage. Je levais les yeux au ciel, face aux énormités qu'elle me sortait, avant de détourner mon regard vers la télévision. Je n'avais pas envie de me prendre la tête avec elle, pas maintenant, pas ce soir, pas à ce sujet. On avait déjà dit tout ce qui avait à dire, on c'était déjà criées dessus pendant une demi-heure: ça n'y avait rien changé. À cet instant je ne voulais qu'une chose : qu'elle me foute la paix.

Puis soudain, des sanglots vinrent briser sa voix. Dans un étrange automatisme, mes yeux se retournèrent précipitamment vers elle et je sentis mon estomac se nouer. Elle pleurait. Elle se tenait là, à coté du canapé, en pleure, par ma faute... une fois de plus. Je mourrais d'envie de la prendre dans mes bras, de la réconforter.... je détestais la voir pleurer... Mais c'était plus fort que moi. « T'as tes règles ou quoi ? » Lâchais-je en reposant mon verre de vin sur la table basse. Au fond, je regrettais déjà ces mots. Je savais qu'elle allait s'énerver d'avantage (ou pleurer d'avantage) mais ma fierté m'empêchait de m'excuser. « T'as abandonné notre rêve d'avoir un autre enfant.... » Ajoutais-je. « Tu n'avais pas le droit. » Et bam. J'allais l'énerver encore plus. Mais je n'y pouvais rien, ça sortait tout seul. Quelque part en moi, il y avait une Callie qui voulait s'excuser, qui voulait que tout rentre dans l'ordre. Mais cette Callie là était bien au fond, cachée sous ma fierté mal placée et ma rancœur. Je lui en voulais tellement. Je lui en voulais de m'avoir annoncé ça comme si de rien n'était. Car oui : là elle était en pleure rien que d'en parler, mais le jour où elle m'avait annoncé la fausse couche, elle avait l'air aussi bouleversée qu'un new-yorkais devant l'empire state building. Mais je lui en voulais surtout pour avoir refusé de ressayer. Comment pouvait-elle tirer un trait sur notre enfant comme ça ? Après des semaines de recherche pour trouver le père idéal ! Je lui en voulais également de me désigner comme seule responsable dans tout ça. Comme si j'étais son utérus ! Elle ne pouvait en vouloir qu'à elle, mais visiblement elle en était incapable. Et en déversant sa colère sur moi: j'avais bien du mal à la supporter dans cette épreuve...

Après ce que je venais de lui lancer, je préférais me re-concentrer sur la télévision. Je me servis un troisième verres de vin avant de me réinstaller, confortablement, dans le canapé, bien décidé à faire la sourde oreille ; lorsque Arizona lâcha : « Au fait, je ne peut pas avoir mes règles. Puisque je suis enceinte d'Alex. » Le verre à pied remplit de vin glissa aussitôt de mes mains pour s'écraser, à mes pieds, sur la parquet du salon.
Enceinte ? De Alex ? Tout ce bousculait dans ma tête. J'étais, évidemment, en colère. Elle m'avait trompé : c'était impardonnable. J'étais, également, triste. Je me sentais trahie, souillée, roulée dans la boue. Pourtant, quelques part, je ressentais une infime joie à l'idée de la savoir enceinte. Et, plus bizarre encore : je me sentais coupable. Arizona était gay comme un phoque. Si elle avait couché avec Alex, j'étais prête à mettre ma main à couper que c'était de ma faute. Elle ne pouvait pas avoir eu envie de coucher avec Alex, c'était impossible. Sauf, peut-être après avoir pris du LSD et bu deux bouteilles de tequila. (ce qu'elle ne faisais jamais.)
Elle m'avait trompé avec Alex... ça semblait impossible, improbable, pourtant : c'était vraisemblablement le cas. Qu'elle me trompe avec Addison, Meredith, Lexie, ou  la première pouf qu'elle croise : ok. Mais qu'elle me trompe avec un mec ? … c'était le monde à l'envers. Et bizarrement : c'était d'autant plus douloureux.
Je restais là, la bouche entre ouverte, des morceaux de verres et du vin plein les pieds, regardant Arizona partir vers notre chambre. « Q-quoi ? » C'est tout ce qui sortit de ma bouche. Je me tirais, sans plus attendre, du canapé, marchant sur les restes de mon verres de vin sans bronché ; suivant Arizona jusqu'à notre chambre. Il n'était pas question qu'elle fuie la conversation, pas maintenant, pas de cette façon. J'étais bien trop en colère pour la laisser sans tirer comme ça. J'allais lui faire regretter de m'avoir trompé, regretter d'être venu au monde !

« Qu'est ce que tu fous ?» Lâchais-je en poussant, presque violemment, la porte. Ce que je vis répondis à ma question : elle faisais ses valises. Mon visage se décomposa. « Non, non, non, non, non ! » Je me précipitais entre elle et sa valise. Attrapant les vêtements qu'elle tenait entre ses mains pour les lancer vers le placard. « Tu ne t'enfuis pas.» Dis-je, en plongeant enfin mon regard dans le sien. À la vision de ses beaux yeux bleus, la colère s’estompa légèrement. Dire que j'étais prête à l'insulter de tout le noms, quelques secondes plus tôt...
De toute façon : m'énerver contre elle, n'allait qu'envenimer les choses. Il n'était pas question de mettre fin à notre mariage, pas question de laisser la colère et la rancœur prendre le dessus. On allait régler ça comme deux adultes. Deux adultes mariée et amoureuses. « Tu dors sur le canapé s'il le faut, mais tu restes. Tu n'as pas le droit de partir comme ça.  Je te rappel qu'on est mariées !» Ajoutais-je. Je ne pouvais pas rester là, debout, à la regarder dans les yeux plus longtemps. Plus je fixais cet océan bleu, plus je me sentais couler. C'était ma kryptonite. Si je la regardais, ne serais-se qu'une minute de plus : j'allais me mettre à pleurer et, peut-être, lui pardonner... J'invoquais donc l'excuse du mariage, avant de me retourner vers sa valise, attrapant ses vêtements pour les remettre dans l'armoire. Je savais pertinemment que l'argument du mariage ne tenais pas la route, sachant que le mariage gay n'était toujours pas légal à Seattle, notre union était, donc, purement symbolique. Mais que l'on soit mariées aux yeux de l'état ou non : elle était ma femme. Et elle n'avait pas le droit de partir comme ça. De faire son égoïste et de foutre le camp. Elle devait aussi penser à moi. Et surtout : elle devait penser à Sofia.

Sans ajouter un mot, je poursuivais le rangement des affaires d'Arizona, faisant des aller retour entre sa valise et le placard. Les morceaux de verres qui c'étaient enfoncés dans mes pieds commençaient à me faire souffrir. Mais j'étais bien trop plongée dans mes pensés pour m'en rendre compte.
Je réalisais que j'étais aller trop loin, que j'avais réagis disproportionnellement  face aux derniers événements. Face à sa fausse couche, fasse à sa tromperie...  Ce n'était pas sa faute. C'était la mienne... J'aurais dû être plus indulgente, j'aurais dû réagir avec calme et tact, j'aurais dû être là pour elle. À la place j'ai été égoïste, comme toujours et j'ai réagis au quart de tour.

Alors que je tirais la valise vide du lit, pour la ranger à son tour, la petite voix d'Arizona résonna dans la pièce. « Je suis désolée. » Je posais mes yeux dans les siens avant de m’asseoir à coté d'elle.  « Moi aussi … »  Lâchais-je. Je me sentais minable. J'avais presque honte de moi. Honte de m'entendre dire ça, honte de me voir si faible face à ses beaux yeux bleu. Je n'avais pas pour habitude de m'écraser ou de pardonner si facilement. Surtout face à la tromperie, que je voyais comme la pire des trahisons, le pire des affronts...Pourtant je me retrouvais là. Assise à coté de ma traîtresse de femme, les pieds en sang, les larmes aux bords des yeux.. Et je m'excusais. Je me surprenais même à penser que, au fond, je l'avais mérité. J'avais rejeté la faute sur elle depuis le début... et je n'aurais pas dû. Dieu m'avait puni en poussant Arizona vers Alex et en leur offrant ce que je désirais le plus : un enfant. C'était un peu la punition ultime. Comme si Jésus me lançait: ''Tiens tu voulais un enfant ? Et bien en voilà un ! Un beau bébé qui te rappellera, pour le reste de ta vie, l'infidélité de ta femme ! Oh et aussi : tu auras la chance de croiser le père de ce merveilleux bambin sur ton lieu de travail, puisque ce dernier travail avec ta femme ! Alors... heureuse ?''  C'était la cerise sur la gâteau mais je l'avais certainement mérité...