It's a beautiful day to regain hope # Noé et Elena

Il y a des fois où il faut recommencé à vivre. Laisser le passé derrière soi, et avancer. Surtout quand on est jeune et qu’il nous reste la vie devant nous. Aujourd’hui, Noé devait reprendre le boulot, comme tous ceux qui avait été impliqué de prés ou de loin dans cette prise d’otage. Il avait toujours le bras en écharpe, à cause de ce tireur qui lui avait mis une balle dans l’épaule. Les premiers jours après ce drame, il avait eu beaucoup de mal à dormir, faisant des cauchemars à chaque fis qu’il fermait l’œil. Ca allait un peu mieux maintenant mais il avait quand même peur, même s’il ne l’avouerait sans doute jamais. C’était terminé, cette prise d’otage n’était plus qu’un mauvais souvenir. Mais si par malheur, c’était à nouveau là ? Si d’autres personnes désirant se venger des vies que les médecins avaient prises, revenaient ?

Noé reprenait donc le travail mais avec son épaule, il ne pouvait pas faire grand-chose. Il ne pouvait pas faire les consultations tout seul, pas opérer. En fait le fait, de ne pas pouvoir aller dans un bloc et surtout dans LE bloc ne le dérangeait pas. Il n’avait pas envie d’y remettre les pieds de sitôt. Mais ça non plus, il ne le dirait pas. Il ne voulait pas qu’on le prenne pour un faible. Il préférait nettement plus son image de garçon sur de lui, un brin insolent et impulsif.

Dés que les gens connaissent vos faiblesses, ils s’en servent un maximum. C’est pourquoi Noé ne montrait de lui que ce qu’il voulait bien faire voir. On avait trop abusé de ses faiblesses par le passé, et il ne voulait pas que ça recommence. Son père avait abusé de ses faiblesses … Mais jamais plus, il ne le laisserait faire.

D’ailleurs en parlant de son père, il ne l’avait même pas appelé. Il n’était pas au courant que son fils s’était fait tiré dessus pendant une prise d’otage. Et de toute façon il n’avait pas à le savoir. Il n’avait jamais fait attention à Noé, alors ce n’était certainement pas maintenant qu’il allait se rattraper. Noé avait donc traversé cette épreuve, sans personne, sans sa famille. Mais ce n’était pas la première fois de toute façon. Il n’avait pas besoin d’eux. Il n’avait pas besoin de lui.

Noé était avec le Docteur Hoods aujourd’hui en Obstétrique/Pédiatrie s’il avait bien écouté. Il était content de reprendre le boulot, au moins ça lui changerait les idées. Même si l’Obstétrique n’allait surement pas être passionnante. Heureusement, il avait l’épaule encore fragile, et échapperait surement au toucher vaginal. En privé, ce genre de pratique ne le dérangeait pas le moins du monde, surtout quand il savait qu’il aurait une compensation après. Mais sinon la Gyneco, ce n’était pas vraiment son truc.

Il était au bout du couloir quand il entendit Elena Hoods lui dire qu’il avait trente seconde pour ramener ses fesses. Et voilà l’internat recommençait, et les titulaires semblaient être en pleine forme. Noé courut pour rejoindre le Docteur Hoods. Oui, il n’allait pas faire son gamin dés les premières secondes où il était avec elle quand même.

– Bonjour Docteur. J’ai entendu dire que vous aviez un cas très intéressant aujourd’hui, pourrais-je savoir de quoi il s’agit ?

Demanda le jeune homme dont la soif d’apprendre reprenait le dessus. Une chose est sure, Noé ne s’était pas trompé de branche. La médecine et la chirurgie étaient vraiment des choses qui le passionnaient. Et malgré son comportement parfois gamin, il était loin d’être bête et en savait des choses le petit.

Quand il arriva à la hauteur du Docteur Hoods, celle-ci sembla surprise qu’il soit à l’heure. Noé n’était pas forcément du genre à être en retard mais plus à défier l’autorité de sa hiérarchie. C’est vrai qu’habituellement, il aurait pris tout son temps pour lui montrer à qui il avait à faire. Mais pas aujourd’hui, il avait besoin de contact avec des gens. Après tout, c’était quand même leur premier jour depuis l’incident. Mais la perspective de changer des couches toute la journée ne lui inspirait tout de même pas la plus grande joie. Il était chirurgien et même s’il ne pouvait pas opérer pour le moment, il n’était pas une baby-sitter à devoir materner et s’occuper de mioches qui venaient tout juste de sortir de leur mère.

Elena lui annonça qu’ils avaient une grosse opération dans trois heures. C’était une bonne chose d’un côté, ça lui changerait les idées. Mais il était vrai, que finalement cette journée ne ressemblerait pas à la journée calme qu’il s’était imaginé pour son retour. Noé ne refusait jamais une occasion d’apprendre dans tous les cas. S’il voulait être le meilleur, il devait tout faire pour le devenir. Et il y arriverait, il en était sur.

Dans l’hôpital, on le prenait plus pour un gamin et c’est pourquoi il devait faire ses preuves. Oui c’était un enfant, mais un enfant qui savait faire plein de choses. Il avait fini premier de sa promotion et ce n’était pas pour rien. Ce n’était pas seulement un grand ado défiant l’autorité de toutes les personnes qui avaient le malheur de croiser son chemin.

Elena lui expliqua rapidement le cas. L’opération risquait quand même d’être intéressante et Noé ne voulait pas la louper. Mais malheureusement il avait son bras en écharpe. Non ce n’était pas ça qui l’empêcherait de travailler et de faire ses preuves. Elle lui proposa de participer dans la limite de ses capacités. Cette écharpe allait le ralentir.

Le jeune homme la quitta. Ce n’était pas l’idée la plus intelligente qu’il avait eu. Mais il ne voulait pas jouer les infirmières au bloc, il voulait vraiment être utile, et avec ça il ne pourrait pas.

– Ne vous inquiétez pas, j’ai toutes mes capacités.

Lança t-il d’un ton sur de lui. Il n’avait plus qu’à se débarrasser de ça et puis voilà ni vu ni connu, c’est comme s’il n’avait jamais été blessé. Excepté la douleur, mais ça elle n’était pas censé le savoir. Noé était fort pour cacher ses émotions s’il le voulait.

– Je peux vous aider pour l’opération, et ce serait d’ailleurs une grande opportunité pour moi.

*J’espère pour toi qu’elle ne va pas se la jouer maman reloue, sinon tu vas être bon à lui passer les instruments.*

On n’avait rien sans rien, et s’il fallait souffrir pour apprendre, il le ferait. Il ne voulait pas passer à côté d’une occasion d’opérer simplement parce qu’il avait fait le guignol face à deux mecs armés, il y a quelques semaines.

Le jeune homme tenta de changer de sujet et de revenir sur le patient pour ne pas qu’elle lui dise quelque chose sur son épaule.

– Il ne faut pas prendre de risques avec la mère, s’il y a un problème, le fœtus devra sortir. On peut refaire des enfants, mais une mère, ça ne se remplace pas.

Il s’en fichait de son bras en écharpe. Ce n’était qu’un bobo qui se guérirait comme tous les autres. Mais Noé n’avait pas envie de les jouer infirmières. Il n’avait pas fait des années et des années d’étude pour faire ce genre de boulot. Oui il savait que c’était sa faute tout ça, que s’il avait fermé sa grande bouche il n’en serait pas là aujourd’hui. Mais il détestait être mis sur la touche surtout quand il avait la capacité de faire ce qu’on lui demandait. Son âme d’adolescent rebelle remontait encore une fois. Pourquoi était-il comme ça ? Peut être parce qu’on ne lui avait jamais imposé de limites auparavant et qu’il ne savait pas où les situer maintenant. C’est vrai, depuis qu’il était petit, on lui avait toujours laissé faire. C’était l’enfant unique, l’enfant qu’on n’aurait jamais cru arriver. Donc ses parents l’avaient traité comme un roi. A la mort de sa mère, son père ne s’occupa plus vraiment de lui donc il continua de vivre sa vie comme il l’entendait. Et voilà, après plus d’une vingtaine d’année d’existence, à n’avoir jamais entendu le mot « non », il ne savait pas réagir bien à ce genre de situation.

Elle le prenait pour un gamin en lui rattachant son écharpe tout en le menaçant de le priver de bloc s’il ne la remettait pas. Ce n’était pas avec ces compliments qu’il deviendrait un grand chirurgien, disait-elle. Il serait avec elle, mais il regarderait ou ferait des choses banales. Rien d’intéressant, en somme. Il encaissait mais une espèce de colère remontait peu à peu en lui. Ce n’était pas forcément entièrement de la faute de Hoods, mais en tout cas elle y contribuait. Il en avait marre d’être pris pour un gamin qui ne sait pas ce qui est bon pour lui. Depuis qu’il avait huit ans, il se débrouillait tout seul, alors il fallait arrêter de croire que c’était un incapable.

Le jeune homme dénoua son écharpe et la lança sur le sol, prenant soin au passage de shooter dans une poubelle qui ne se trouvait pas très loin de lui.

*Très mature comme réaction Noé.*

Digne d’un ado de seize ans je vous l’accorde. Mais voilà, Elena Hoods n’avait pas eu à attendre longtemps pour voir le visage du gamin rebelle. Noé ne s’avait pas s’exprimer avec les mots mais simplement avec les gestes. Et ce n’était pas le genre de garçon a savoir cacher ses sentiments. Surtout la colère. Il en avait marre qu’on le traite comme un idiot qui ne savait pas prendre soin de lui. Cela faisait bien longtemps qu’il s’occupait de lui, il connaissait ses limites et savaient de quoi il était capable.

– Vous croyez quoi ? Que c’est une égratignure qui va m’empêcher de faire mon travail correctement ?

Égratignure ? Toujours plus mon cher. Se prendre une balle est quand même un peu plus que ça. L'art de minimiser les choses.

*Descend d’un ton mon petit.*

Fatigant ce garçon quand même. Mais voilà, c’était ça Noé, quelqu’un d’impulsif, un peu trop même, qui ne savait pas vraiment ce qu’était la hiérarchie.

– J’ai pas besoin de flatterie pour être un bon chirurgien.

Lança t-il. Elena ne connaissait pas Noé, et après cette réaction, elle n’allait surement pas chercher plus loin, comme beaucoup d’autres personnes. En fait, il fallait le connaître pour comprendre pourquoi il était comme ça.

*Tu vas passer un sale quart d’heure mon vieux.*

C’était un idiot. Un gamin complètement idiot dévasté par ses sentiments. Et comme il ne savait pas se confier, comme il n’avait jamais eu assez confiance en quelqu’un pour se dévoiler, ça n’allait surement pas en s’arrangeant. Il ne s’était jamais plaint. Certes, il avait vécu des choses pas facile, mais il s’était toujours dit qu’il y avait pire que lui. Mais peut être qu’il aurait du parler. Peut être qu’il ne serait pas ce gamin avec autant de colère en lui, s’il avait bien voulu dire ce qu’il ressentait. Mais à qui ? Il ne faisait confiance à personne.

Oui Elena, c’était bien ça le Noé dont tout le monde parlait. Un gamin colérique, qui n’en fait qu’à sa tête à longueur de journée. Sa réputation l’avait visiblement devancé. Mais ça, il s’en fichait. Les gens voyaient bien ce qu’il voulait voir. Ils ne cherchaient pas plus loin que ce qu’on leur racontait. Alors à quoi bon jouer la comédie ? Se conduire comme quelqu’un de mature, ça veut dire quoi ? Accepter qu’on lui mette des bâtons dans les roues alors qu’il ne demande qu’une chose, c’est d’apprendre. Non, il ne voulait pas qu’on lui enlève la chirurgie, parce que c’était tout ce qu’il avait. Il n’avait pas de famille, il n’avait pas de copines. Il avait juste ses plans dragues d’un soir et ça : la chirurgie.

Elle parlait pour lui faire des remontrances. Il le prenait comme du rabaissement. Mais il ne parlait pas. Il ne l’écoutait pas vraiment. En fait, il n’avait pas envie d’entendre ce qu’elle lui disait. Des paroles dans ce genre, il en avait entendu toute sa vie. Personne ne pourrait lui faire confiance, tant qu’il ne se considérerait pas comme un bébé chirurgien. Parce que savoir comment donner un scalpel à un médecin, c’était de la chirurgie ça ? Non, un enfant de dix ans saurait le faire. Il n’avait pas besoin d’être dans le bloc, si c’était pour faire des choses futiles.

Elle commença à lui parler d’une voix douce, comme si c’était une meilleure approche. Elle voulait lui apprendre les trucs les plus simples pour faire de lui un chirurgien.

– Vous avez peut être raison, peut être que je ne suis pas fait pour être chirurgien.

Lança t-il d’une voix lassé. Il avait l’impression d’être au lycée quand son professeur principal l’ayant pris en grippe, lui rappelait constamment qu’il ne ferait jamais rien de sa vie, qu’il ne serait jamais rien, qu’il ne serait bon qu’à servir des cocktails dans des bars à des alcooliques. A lui aussi il lui avait répondu qu’il avait peut être raison.

Avant de commencer ces remontrances, Elena lui avait affligé un coup à l’épaule, qui lui avait fait grincer des dents. Bien sur qu’il avait encore un peu mal, c’était sans doute normal après avoir pris une balle. Mais est ce qu’un sportif arrête de s’entrainer parce qu’il s’est tordu la cheville ? Pourquoi ça devait être différent pour un chirurgien ?

– Peut être que vous devriez aller au bloc sans moi.

Lança t-il à voix basse avant de tourner le dos à la résidente. De toute façon, elle ne le laisserait rien faire. Mais en fait ce n’était même pas pour ça qu’il avait décidé de tourner les talons et de commencer à partir, il sentait juste les émotions le submergeait et il n’avait pas envie de montrer ses faiblesses à qui que ce soit, encore moins à quelqu’un qu’il ne connaissait à peine et qui venait de lui remonter les bretelles.

Evidemment, il avait encore une douleur à l’épaule donc quand la jeune femme lui donna un coup dessus, il ne put s’empêcher de grincer des dents. Elle avait raison, une blessure par balle ne se soignait pas comme une égratignure. Mais il ne voulait pas qu’à cause de ça, qu’à cause d’une erreur complètement idiote de sa part, il ne puisse pas montrer de quoi il était capable. Il avait toujours du prouver son intelligence dans sa vie. Personne n’avait jamais cru en lui. Ses professeurs le pensaient incapable de faire médecine, tout comme son père. Pourquoi ? Parce que c’était un adolescent difficile. Pour eux, il ne méritait que de finir serveur dans un bar d’alcoolique. Alors, il s’était efforcé de leur prouver à tous qu’ils avaient eu tord. Mais aujourd’hui, tout ça n’était pas fini, il fallait montrer aux médecins, à ses supérieurs, que malgré son comportement, que malgré tout, il avait sa place parmi eux.

Il n’était pas prêt. C’est ce qu’annonça Elena en voyant qu’il souffrait encore de sa blessure. Peut être avait-elle raison mais Noé ne voulait pas. S’il ne pouvait plus travailler, en leur montrant qu’il était le meilleur, qu’est ce qui lui restait ? Il en avait marre de se sentir toujours rabaissé par les gens qui l’entourait. Quand il était au lycée, il avait trouvé la force de se battre pour leur prouver à tous qu’ils avaient tord. Mais c’est comme s’il devrait toujours le prouver. Et c’était fatigant pour lui de devoir toujours se battre. Il n’avait plus envie de le faire. Du moins pas maintenant.

Alors qu’il avait tourné les talons, il entendit Elena lui demander s’il se foutait d’elle. Elle le pensait plus combatif, disait elle. Un obstacle et c’était terminé. Non ce n’était pas ça. Noé n’avait jamais reculé devant rien. Mais il ne savait pas s’il avait la force de se battre indéfiniment contre l’image que les gens avaient de lui. Elle lui avait rattrapé le poignet et le jeune homme se tourna à nouveau en sa direction. Elle lui demandait ce qui lui arrivait.

– Personne n’a jamais cru en moi, j’ai l’habitude. On m’a toujours dit que je ferais rien de ma vie, que j’étais un bon à rien. J’ai voulu leur prouver que je n’étais pas celui que tout le monde croyait …

Commença t-il. Il commençait à lui dire ce qu’il avait sur le cœur. Surement parce qu’au jour d’aujourd’hui, ça lui pesait trop. Il ne pouvait plus tout garder pour lui, ça devenait trop dur.

– J’en ai marre de me battre indéfiniment tout seul …

Certains ont leurs parents derrière eux, pour les pousser toujours vers le meilleur. Noé n’avait eu personne, il avait du se motiver tout seul pour faire médecine, quand tout le monde lui criait d’abandonner. Il n’était pas du genre à se faire plaindre, il n’était pas comme ça. Au contraire, il avait l’habitude de ne pas montrer ses faiblesses aux gens.

Bien sur, il n’arrêterait pas la médecine. Il s’était trop battu pour tout foutre en l’air maintenant. Mais peut-être qu’il était en manque de soutien. Il avait des amis, mais jamais il ne se confierait là-dessus avec eux. Tout était toujours une question d’apparence.

Il avait planté son regard dans celui d’Elena, attendant une réaction de sa part. Lui ne savait pas quoi dire de plus. Mais il n’allait pas la planter là après ce qu’il venait de lui dire.

Sérieusement, il en avait marre. Il avait du se battre toute sa vie contre les préjugés que les gens avaient sur lui. Mais à quoi cela servirait-il de continuer à lutter contre son image si personne ne le prenait jamais au sérieux. Bien sur qu’il avait des problèmes de comportement, c’était comme un gamin de seize ans en pleine rébellion. Peut être que pour lui, c’était une façon de communiquer. Il voulait montrer qu’il existait. Il ne voulait pas s’apitoyer sur son sort, dire que personne ne faisait attention à lui, ne tenait à lui. Mais voilà, il ne voyait que très rarement son père avec qui il entretenait des relations plus que houleuses. Il n’avait pas de petite amie, il avait abandonné tous ses amis en venant faire son internat au Seattle Grace. En fait, il n’avait personne à Seattle.

Et maintenant cette blessure à l’épaule qui allait l’empêcher de faire son travail et de montrer de quoi il était capable. C’était dur à encaisser pour Noé qui avait toujours été un battant. Alors oui il se doutait bien qu’il ne fallait pas prendre ça à la légère. Mais il se savait capable de surmonter n’importe quelle douleur pour continuer à avancer. Il avait l’impression que la vie ne cesserait jamais de lui mettre des bâtons dans les roues. Et pendant une demi-seconde, il avait juste envie de baisser les bras.

Elena, lui dit, que s’il était dans le programme c’est qu’il le méritait. Bien sur, ça il le savait. Noé se savait douer pour ce qu’il faisait et pour ne pas perdre la face, il se positionnait souvent au dessus des autres. Tout était là : les apparences. Il fallait les sauver dans n’importe quelle situation. Ne jamais montrer ses faiblesses. Si son père lui avait bien appris quelque chose, c’était ça. Elle essayait de lui remonter le moral comme elle pouvait, en lui disant qu’il ne fallait pas faire attention aux jaloux. On l’avait toujours rabaissé car on n’avait jamais cru en lui. Peut-être parce que pour les autres, il n’était qu’un gamin dont personne n’avait jamais voulu. Un gamin qui méritait de finir serveur pour des vieux alcooliques.

Elle essayait néanmoins de le remettre sur les rails. Il n’avait pas le droit d’avoir cette attitude dans le milieu professionnel. Tout le monde ne le supporterait pas. Noé n’était pas un mauvais garçon. Mais à force de tout garder pour lui et d’encaisser année après année, il avait accumulé bien trop de colère en lui.

Elle lui dit de venir en salle de repos. Ce n’était pas une mauvaise idée. Noé n’avait certainement pas envie que tout le monde remarque ses états d’âmes. Il ne voulait pas qu’on le prenne pour quelqu’un de fragile. Toujours et encore sauver les apparences. Ils entrèrent donc dans l’une des salles et Elena s’assit sur l’un des fauteuils. Noé quand à lui fit le choix de ne pas s’assoir. En fait, il n’était pas sur d’être prêt à se confier. Ou plutôt il n’avait pas envie de perdre la face devant l’une de ses supérieurs.

– Ecoutez je n’aurais pas du vous mêler à mes histoires personnelles.

Annonça t-il en guise d’ « excuse ». Non Noé ne savait pas s’excuser, et était surement trop fier pour avouer à voix haute qu’il avait eu tord. Il savait au fond de lui qu’il avait dépassé les limites, mais de là à l’admettre à sa supérieur, il y avait un autre pas à franchir.

– Je voulais pas vous mêler à mes problèmes, mais ne vous inquiétez pas, ca s’arrangera …

Enfin même ça, il ne le savait pas. Après tout, tant qu’il ne réglerait pas ses différents avec son père, ça ne pourra pas forcément aller en s’arrangeant.

– On a cas oublier tout ça, et reprendre le boulot.

Il n’aurait jamais du lui parler de ses problèmes. Après tout ça ne servait pas à grand-chose, il ne voulait et/ou n’avait pas besoin de son aide. Il s’était toujours débrouillé tout seul, et il ne voyait pas pourquoi ça devrait changer aujourd’hui. De toute façon, elle ne pouvait rien faire pour lui. Et puis, il était grand, il pouvait quand même régler ses soucis tout seul. Tout s’arrangera bien un jour de toute façon. Les problèmes avec son père ne risquaient pas de se régler comme Noé ne voulait faire aucun effort mais peu importe. Elle en savait déjà suffisamment sur sa vie, pas besoin de lui donner encore plus de détails.

Elle lui demandait comme il voulait que ça s’arrange. Peu importe, ce n’était pas ces problèmes après tout. Et puis, il ne fallait pas être pessimiste. On dit bien souvent que la roue tourne. Et cela ferait la même chose avec les soucis de Noé. Il était bien trop fier pour accepter quelconque aide de la part des autres. Alors, il réglerait tout ça tout seul. Mais pour l’instant, il préférait se concentrer sur la chirurgie plutôt que sur des petits trucs sans la moindre importance.

*Ca te dévore de l’intérieur mais ça n’a pas d’importance ?*

– Faudrait peut être que tu aille voir un psy…
– Pas question.

Non, il était hors de question d’aller voir un psy, il n’était pas fou quand même. Et puis ces « médecins » étaient des charlatans, dans la tête de Noé. Comment s’assoir et parler à quelqu’un qui vous écoute juste pourrait-il l’aider. Non il n’avait pas besoin de l’aide d’un pro, il n’était pas complètement taré quand même. Son non était catégorique. Elle pouvait essayer de parler à ce sujet, mais une chose était sur, le jeune homme ne changerait pas d’avis. Il n’irait pas voir de psy, à point c’est tout. Il pouvait se battre d’une autre manière et il le ferait. Il ne baisserait pas les bras mais il n’irait pas non plus voir de psychologue.

Bien sur qu’il avait subi un traumatisme. Il avait été dans ce bloc, en train de se vider de son sang pendant que des tireurs menaçaient ses collègues. Il avait été là, allongé sur le sol, incapable de faire le moindre mouvement, sombrant peu à peu dans l’inconscience. Il s’était sentit aller de plus en plus mal mais il s’était battu pour rester le plus longtemps éveillé. Pourquoi ? Parce qu’il n’en avait pas fini avec cette vie, il n’avait pas montré de quoi il était capable, il n’avait eu l’occasion de rien faire. Il voulait vivre. Et il s’en était sortit.

– Dans l’immédiat, je ne pense pas que tu sois apte à opérer, repose toi.

Non, il en avait marre qu’on lui dise ce qu’il devait faire. Il n’avait pas besoin de se reposer plus que ce qu’il n’avait déjà fait. Il avait eu deux semaines pour se reposer, et c’était bien assez. Maintenant il voulait avoir l’esprit occupé et recommencer ce pour quoi il était doué : la médecine. Et puis à quoi servirait-il de rester dans un lit toute une journée, en quoi ça l’aiderait à avancer, à tourner la page ? En rien, voila pourquoi il préférait être à l’hôpital plutôt qu’à la villa.

Il n’y a pas de honte à avoir peur, disait t’elle. Se faire tirer dessus ce n’est pas rien. Bien sur qu’il est effrayait en repensant à cette situation, il a failli mourir car une fois de plus, il a trop ouvert sa bouche. S’il s’était tut peut être que la situation n’aurait pas dégénérer. Oui et à cause de son insolence, il aurait pu faire plus de victimes. Il était conscient de tout ça. Mais ça appartenait au passé, et il fallait avançait désormais. Ressasser le passé n’aiderait en rien de toute façon.

– T’en a parlé à quelqu’un ou est-ce que tu as fait la tournée des bars pendant deux semaines pour te saouler un peu et oublier tout ça ?

Elle le soulait tellement. Il lui avait dit qu’il ne voulait pas la mêler à tout ça, et qu’ils feraient mieux de reprendre le travail. Mais non, elle s’immisçait désormais à fond dans sa vie privée. De toute façon qu’est ce que ça pouvait bien lui faire, elle ne le connaissait pas.

– Peu importe, que je me sois bourré la gueule au point d’oublier un instant le cauchemar qu’on a vécu, le fait est que tout ça est arrivé, que des tireurs sont venus dans l’hôpital, dans un endroit qui est censé être totalement sécurisé, qu’ils ont tirés sur plusieurs personnes, qu’ils ont terrorisé des dizaines et des dizaines de personnes. Pour quoi au final ? Pour rien parce que ce qu’ils étaient venus chercher, ils ne l’ont pas trouvé. On en est tous là au final. On cherche quelque chose à quoi se rattacher pour continuer à vivre et se battre. Moi j’ai choisi d’oublier. Je veux avancer, et j’en ai marre de penser à cet épisode. Parler de ça ne m’aidera pas plus.

Avait-il lançait, d’une voix forte, dont on sentait la colère s’en échappait. Ce n’était pas de sa faute, sans doute, mais c’était elle qui se tenait devant lui, donc c’était elle qui prenait pour tous les autres. La vie est injuste dans tous les cas. Qu’on fasse le bien ou le mal elle nous met sans arrêt des bâtons dans les roues. La prise d’otage appartenait au passé, et Noé voulait simplement oublier cet épisode de sa vie pour pouvoir continuer à avancer.